La formation à distance occupe aujourd’hui une place centrale dans l’offre des organismes de formation. Flexible, accessible et compatible avec les rythmes de travail actuels, la FOAD s’est largement développée depuis 2020. Mais cette modalité soulève aussi une question clé : comment garantir la qualité d’un parcours entièrement à distance ?
Pour les organismes souhaitant bénéficier de financements publics ou mutualisés, la réponse est simple : répondre aux exigences Qualiopi, dont certains indicateurs sont particulièrement déterminants pour la FOAD.
Cet article vous propose un décryptage clair et opérationnel des indicateurs du Référentiel National Qualité (RNQ) les plus sensibles pour la formation à distance.
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1. FOAD et Qualiopi : un cadre exigeant mais adapté
Depuis l’arrêté du 6 juin 2019 relatif au RNQ, Qualiopi impose une logique simple : peu importe la modalité pédagogique, l’organisme doit démontrer la qualité de son accompagnement, de la conception de la formation jusqu’à l’évaluation finale.
Le guide de lecture précise d’ailleurs que tous les indicateurs s’appliquent à la FOAD, sauf lorsqu’une exception est explicitement mentionnée.
Ainsi, il ne s’agit pas d’un “RNQ spécial FOAD”, mais bien d’une interprétation adaptée des exigences à un parcours à distance. Ce sont donc certains indicateurs qui deviennent particulièrement sensibles, notamment ceux relatifs au suivi, à l’accompagnement et à la preuve de l’activité.
2. Informer clairement sur le dispositif FOAD : indicateurs 1 et 2
Pour une formation à distance, l’indicateur 1 (information au public) est loin d’être un simple formalisme. Le programme et les supports commerciaux doivent intégrer toutes les spécificités FOAD : nature des séquences (classes virtuelles, autoformation, travaux tutorés), durée estimée de travail personnel, modalités de connexion, assistance technique disponible, etc.
Côté RNQ, il s’agit de démontrer que le bénéficiaire sait exactement à quoi s’engager avant son inscription :
- prérequis techniques (connexion internet, matériel, casque, navigateur compatible) ;
- prérequis pédagogiques éventuels ;
- explication des modalités d’échanges avec le formateur (chat, visio, forum).
L’indicateur 2, dédié aux indicateurs de résultats, prend aussi une coloration particulière en FOAD : taux de complétion des modules en ligne, taux d’abandon, résultats aux évaluations intermédiaires, satisfaction sur les outils numériques… autant de données que votre plateforme LMS produit naturellement et qui peuvent alimenter vos tableaux de bord Qualiopi.
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3. Accompagnement, suivi et assiduité à distance : le cœur du sujet
Les textes réglementaires sur la FOAD insistent fortement sur deux notions : l’assistance technique et pédagogique “appropriée” et la capacité à justifier l’assiduité du stagiaire. C’est exactement ce que les auditeurs vont chercher à travers les indicateurs du critère 3 (accueil, accompagnement et suivi).
En pratique, plusieurs indicateurs deviennent essentiels pour vos formations à distance :
- Accompagnement pendant le parcours (indicateur 10) : le RNQ attend que le bénéficiaire dispose de points de contact clairement définis (tutorat, hotline, permanences en visio) et que ces modalités soient expliquées noir sur blanc dans le programme ou le livret d’accueil. Les délais de réponse de l’équipe pédagogique font partie des éléments regardés, en cohérence avec le décret FOAD.
- Suivi de la progression et évaluations (indicateur 12) : en FOAD, ce suivi s’appuie souvent sur les traces générées par le LMS : connexions, temps passé, activités réalisées, quiz, devoirs remis, feedbacks du formateur. Le décret de 2014 prévoit d’ailleurs que ces données peuvent être utilisées pour établir l’assiduité.
Là où un organisme présentiel produit des feuilles d’émargement papier, un organisme en FOAD doit montrer comment il exploite les traces numériques pour prouver à la fois la réalité de l’action de formation et la qualité de l’accompagnement. C’est souvent un point fort en audit, à condition d’avoir formalisé les règles : à partir de quel seuil de non-connexion déclenche-t-on une relance ? comment sont archivés les relevés de connexion ?
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4. Moyens techniques et ressources pédagogiques : critère 4 et indicateur 19
En FOAD, le critère 4 du référentiel Qualiopi passe clairement au premier plan : l’organisme doit être capable de démontrer que ses moyens techniques sont adaptés, fiables et accessibles. Concrètement, cela suppose une plateforme LMS stable, des outils utilisables sur différents supports (ordinateur, tablette, mobile), une prise en compte des situations de handicap, ainsi qu’une documentation simple pour aider les apprenants à se repérer et des procédures claires en cas d’incident technique.
Au sein de ce critère, l’indicateur 19 est particulièrement sensible pour la FOAD. Il ne s’agit pas seulement de “mettre à disposition” des ressources pédagogiques, mais de créer les conditions pour que les apprenants puissent réellement se les approprier. Cela passe, par exemple, par des tutoriels de prise en main de la plateforme, une séance de lancement en visio pour présenter le parcours, des consignes précises pour chaque activité avec une estimation du temps à y consacrer, et une structuration du contenu qui rende la navigation fluide (modules, chapitres, progression clairement visible).
5. Compétences des équipes et veille digitale : critères 5 et 6
Un dispositif FOAD ne repose pas uniquement sur une bonne plateforme : il suppose aussi des formateurs à l’aise avec l’animation à distance, la scénarisation de modules e-learning, la relation pédagogique en visio ou via un forum.
D’où l’importance du critère 5 pour les acteurs du digital learning : plan de développement des compétences orienté vers le distanciel, formations à l’ingénierie FOAD, accompagnement des formateurs lors du passage du présentiel au multimodal, etc.
Le critère 6, consacré à la veille, prend lui aussi une dimension particulière : il ne s’agit plus seulement de suivre l’actualité réglementaire de la formation professionnelle, mais aussi l’évolution du cadre juridique FOAD (décrets, mises à jour du Code du travail, instructions des DREETS) et des technologies utilisées (LMS, visio, données personnelles, cybersécurité).
L’adhésion à des réseaux spécialisés dans le digital learning, peut être mobilisée comme élément de preuve… à condition de montrer comment vous exploitez réellement ces ressources dans votre démarche d’amélioration continue (notes de synthèse, plans d’action, mises à jour de procédures).
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6. Transformer ces exigences en plan d’action pour votre OF
Plutôt que d’ajouter une “couche FOAD” à votre démarche Qualiopi, l’idée est de relire vos indicateurs à travers le prisme du distanciel :
- D’abord, cartographiez les indicateurs directement impactés par la FOAD : 1 et 2 pour l’information et les résultats, 9 à 12 pour l’accompagnement et le suivi, 16 à 19 pour les moyens, 21 pour les compétences des formateurs, 23 (et suivants) pour la veille.
- Ensuite, faites le lien avec vos outils : LMS, classe virtuelle, messagerie, base documentaire, CRM. Ce sont eux qui produisent automatiquement les “traces” dont le décret de 2014 parle pour justifier l’assiduité et l’accompagnement.
- Enfin, formalisez juste ce qu’il faut : procédures de suivi des apprenants à distance, consignes types à intégrer aux programmes FOAD, modèles de relevés de connexion ou de rapports de progression, plan de formation des équipes au distanciel.
En FOAD, vous avez un avantage : le numérique laisse des traces très précises. Bien exploitées, elles deviennent vos meilleures preuves Qualiopi. Le véritable enjeu est de les organiser, de les rendre lisibles pour l’auditeur… et de les mettre au service d’une expérience d’apprentissage à distance réellement accompagnée et sécurisée pour vos apprenants.
